Les accents

L’accent grave sur les voyelles a et u

Cet accent n’a aucun rôle ni phonétique, ni étymologique. Il est utilisé pour distinguer des homographes :

Ex. : (adverbe), opposé à : la (article) ; également dans un composé : voilà (mais non dans cela) ; çà (adverbe de lieu) distingué de ça (pronom) – (conjonction de lieu) distinct de ou (conjonction de coordination)

Prononciation de la lettre e – l’e muet ou atone

• La lettre E peut apparaitre (sauf nasalisation) dans 3 prononciations :

a) « e muet » ou plutôt « e atone » : formE, formEnt, formEra – rEpos

b) « é fermé » dans : prÉ – formÉ – rÉpit – fidÉlitÉ

c) « è ouvert » dans : pÈre, fidÈle, prÈs, pErte

• La lettre E prononcée « e atone » ou muette s’écrit sans accent :

Ex. :

Finale : quE – mE – portE – portEs – portEnt

Interne : portEra – parlEment – rEpos – prEmier – sEcret

Accents aigu et grave sur e (syllabe initiale ou intérieure)

• Le son é (E fermé) : s’écrit avec accent aigu :

a) si la lettre E est initiale de mot et fin de syllabe

Ex. : É/crire – É/tude – É/mission

b) dans les préfixes pré- et dé- EX. : prÉvenir, dÉmesure

• la lettre E à l’intérieur du mot s’écrit sans accent quand elle n’est pas en fin de syllabe :

Ex. : Estimer - dEstin – pErte – in/té/rEs/sant

• la lettre E en fin de syllabe à l’intérieur du mot :

a) s’écrit È et se prononce è ouvert si la syllabe suivante a un « e muet » :

EX. : frÈ/re - fidÈ/le – fidÈ/lement –évÈ/nement - allÈ/grement – crÈ/merie – rÈ/glementaire - promÈ/ne - tolÈ/rent –adhÈ/rera

b) s’écrit É et se prononce é fermé si la syllabe suivante a une voyelle autre que « e muet ».

Ex. : fidÉ/lité – intÉ/rêt – intÉ/ressant – allÉ/gresse – crÉ/mier – mé/priser – frÉ/quent – rÉgler - tolÉ/rer – adhÉ/rer –

REMARQUE

L’accent grave sur E a été introduit en 1740 (3e édition du Dictionnaire de l'Académie) ! frère, fidèle, etc. ont remplacé les graphies anciennes frere ou frére, fidelle, etc.

Une dizaine de mots, par erreur, avaient échappé à cette régularisation, dont allégement, événement, sécheresse, etc.

Les rectifications de 1990 ont supprimé ces anomalies - dont Emile Littré avait déjà souhaité la correction.

Dialogue :

Pourquoi le mot réglementaire est-il écrit avec un accent aigu dans certains dictionnaires, et avec un accent grave dans d’autres ?

Curieuse histoire des dérivés du nom règlement. Celui-ci, d’abord seul, entre dans le premier Dictionnaire de l’Académie, en 1694… sans accent, comme « pere, mere, tiede, lievre », etc. Comme dans ces mots, c’est la 3e édition (1740) qui lui donne l’accent grave.

Les dérivés n’apparaissent qu’avec réglémentaire dans la 5e édition (très exceptionnelle, puisque quand elle est publiée, en 1798, l’Académie a été supprimée dès 1791), puis dans la 6e (1845) : réglementaire adj., réglément, adverbe, - qui ne disparaitra qu’en 1932 – réglementer verbe, et réglementation sont dans la 7e, et dans la 8e : réglementairement adverbe.

En somme, une série de dérivés, dont 2 ne sont pas conservés, mais sans aucun retour à l’accent grave de 1740, qui ne subsistera que dans le nom de base… jusqu’aux rectifications de 1990. Celles-ci l’étendent enfin à toute la série, et citent, comme orthographe rectifiée, l’adverbe règlementairement.

Etrange et paradoxale confusion, entretenue par les dictionnaires du commerce, dont certains appliquent logiquement la règle de 1740 sur l’accent grave, alors que d’autres attendent, pour l’appliquer aux dérivés, que la 9e édition du Dictionnaire atteigne la lettre R.

Accents aigu et grave sur e (syllabe finale)

• la lettre E en syllabe finale suivi de la consonne S s’écrit È et se prononce è ouvert :

Ex. : auprÈs – exprÈs – progrÈs –

sauf devant un S de pluriel : les prÉs – des congÉs – (é ferme).

Id. suivie d’une consonne finale autre que S ou de cons. + S, s’écrit sans accent et se prononce è ouvert :

avEc – blEd - brEf – cruEl - brevEt – discrEt – indEx – travErs – exprEss

• la lettre E en fin de mot s’écrit É et se prononce é fermé

dÉ –grÉ - blÉ – congÉ - chantÉ – ; id au pluriel ou au féminin de ces mots : dÉs - chantÉs – chantÉe

Le circonflexe sur I et U (sauf homonymes et formes verbales) est facultatif : diner, bruler.
Accents graves dans « allègement, évènement, complèterait, gèrera », etc.

L'accent circonflexe

  • Le circonflexe dans les conjugaisons

L’accent circonflexe est conservé dans les conjugaisons.

1ère et 2e pers. plur. du passé simple : fûmes – fûtes – eûmes – eûtes – aimâmes – aimâtes – finîmes – finîtes – crûmes – crûtes – etc.

3e pers.sing. subjonctif imparfait : fût – eût – aimât – finît – crût – etc.

  • Le circonflexe dans le lexique

Cet accent n’obéit à aucune règle !

Dans de nombreux mots, il marque la suppression, au 17e ou au 18e siècle, d’un S qui avait cessé de se prononcer (rôle étymologique).

Ex. : pâte (paste) – forêt (forest) – île (isle) – côte (coste) – brûler (brusler)

mais il figure aussi dans des mots sans S :

Ex. : âme, extrême, suprême, gîte, rôle, sûr.

et il manque dans des mots qui ont perdu un S :

Ex. : moutarde (moustarde ; angl. mustard) – coutume (coustume ; angl. custom).

Dans certains mots, il marque la disparition d’un E avant une voyelle :

Ex. : mûr (me/ur) – sûr (se/ur) – âge (e/age).

Il sert à distinguer des homonymes

Ex.            : (participe) et du (article contr.) – croît (de croître) et croit (de croire)

Il subsiste dans certaines flexions : sûr, sûre, sûrs, mais dû, dus, due

Il subsiste dans certains dérivés :

Ex. : grâce, disgrâce –  âne, ânerie – abîme, abîmer –  mûr, mûrir – trône, détrôner – gêne, gêneur –  prêtre, prêtrise – sûr, sûreté

mais pas dans tous : grâce, gracieux – sûr, assurer – extrême, extrémité

NOTE : les rectifications de 1990 (orthographe « rectifiée ») rendent le circonflexe facultatif sur les voyelles I (diner, huitre, boite, paraitre) et U (bruler, gouter, voute, envouter...), sauf dans des cas d’homonymie (croît, sûr, dû…).

La présence ou l’absence du circonflexe dans un mot est une question de lexique et non de grammaire ; seul le dictionnaire peut vous renseigner, s'il mentionne toutes les « orthographes nouvelles ».

Accentuation des majuscules

L’accentuation des majuscules est une question d’orthographe, mais aussi de typographie, et parfois d’esthétique typographique.

Le latin s’écrivait sans accents. Les inscriptions romaines, en majuscules, n’avaient donc aucune accentuation.

Pour imiter leur solennité, et par souci esthétique, beaucoup d’inscriptions monumentales ont des capitales non accentuées :

LIBERTE EGALITE FRATERNITE - HOTEL DE VILLE

En imprimerie, il existe des polices de caractères sans capitales accentuées ; c’était le cas de la plupart des machines à écrire ; mais leur emploi était une contrainte plutôt qu’une norme.

Quand on dispose d’une police de caractères comprenant des capitales accentuées, on peut appliquer les mêmes règles que pour les minuscules.

Les dictionnaires, en particulier, obligés de distinguer en entrée CUIVRE et CUIVRÉ, ou SALE et SALÉ, utilisent les « petites capitales » (avec accents).

Toutefois certains imprimeurs opèrent des choix ; on évite souvent des caractères comme la majuscule de « à » : À – Ainsi, le Proust de la Pléiade, dans ses titres courants, accentue « DU CÔTÉ DE… », mais non : « A LA RECHERCHE... »

Nos claviers sont plus ou moins riches en accents. Si votre clavier est riche en signes diacritiques (accents, tréma, tilde, cédille, etc.), il n’y a aucune raison de ne pas les utiliser.